Créatif: mon premier zine
Plus le temps passe, plus je regarde ce qu’Instagram a fait de la photographie en général et de la Street Photography en particulier, et plus je suis convaincu que le meilleur moyen de partager ses images, c’est de les imprimer. Sur Instagram, je scrolle sans trop réfléchir et je ne regarde pas vraiment les photos sous mes yeux, noyées dans un flux d’informations que l’algorithme a identifié comme “pertinentes” (comprendre: qui me feront réagir, idéalement en me mettant en colère). Tout ce qui s’y trouve est uniformisé pour les likes, et même si je dis que je me fiche totalement de tout ça, je ressens tout de même les coups de rush et d’agacement quand j’ai ou je n’ai pas le bon nombre de likes sur une image, preuve que le système est bien conçu pour qu’on ne puisse lui échapper qu’au prix d’un gros effort.
A comparer à la paix que je ressens quand j’attrape un livre dans ma bibliothèque et que je m’y perds pendant un moment: je suis calme et détendu, bien installé dans un fauteuil confortable, et je profite de découvrir un autre monde homogène et intéressant. Essayez donc de lire un bon livre avant de dormir au lieu de jeter un dernier coup d’oeil à vos écrans, et vous comprendrez comme c’est apaisant et comme on dort mieux ensuite.
Pour me tirer de cette torpeur dans laquelle les réseaux sociaux finissent inévitablement par me plonger si je n’y prends pas garde, j’ai mis en place quelques règles, au premier rang desquelles le matin, dès le réveil, je dois créer avant de consommer. Donc avant de regarder un feed ou une vidéo quelle qu’ils soient, ou de lire le journal, mes mails, ou même de me former sur un sujet pertinent, je dois créer quelque chose. Ca peut être une photo, un dessin, un article comme celui-ci, une vidéo, un script, ou une page d’un futur livre, mais dans tous les cas, je dois avoir produit quelque chose de concret avant de consommer quoi que ce soit, même si c’est quelque chose de très positif comme un bon livre photo.
C’est un peu comme ça qu’est né ce premier zine, et c’est comme ça que je planifie de sortir ceux qui vont suivre: tous les matins, une page à la fois, à fouiller dans mes archives bordéliques pour trouver quelle photo y aurait sa place et comment les mettre en page au mieux pour que ça ait un sens. Petit à petit, page par page, lentement mais surement, il a pris forme. On sur-estime toujours ce qu’on peu faire en une journée, on sous-estime toujours ce qu’on peut faire petit à petit, sur un an. C’est pourtant le meilleur moyen d’avancer, lentement et pas à pas.
J’ai testé différents formats, différents papiers, différentes reliures, et même plusieurs imprimeurs, avant de trouver mon bonheur tout près de mon point de départ, chez Blurb. Au premier rang des avantages, la vente directe qui me permet de ne pas avoir à gérer les stocks et les envois, même si je prévois d’avoir un petit stock de magazines à vendre en direct pour le lancement (une trentaine, mais dont je réserve une dizaine à offrir comme carte de visite au gré des rencontres). Mais une fois que c’est fait, je peux l’oublier et le laisser vivre sa vie là-bas, et me concentrer sur le suivant. C’est un test, et je garde toutes les options ouvertes, mais pour démarrer, je fais simple. J’ai trop vu dans mon entourage des photographes obligés de se focaliser pendant un long moment sur la vente des 500 exemplaires de leur livre au détriment de tout le reste pour me laisser prendre à ce piège. Gardez à l’esprit qu’on a la chance de vivre dans un monde incroyable, où créer et vendre son propre livre est devenu d’une simplicité déconcertante.
J’ai deux buts avec ces zines: partager mon travail comme j’ai envie de le montrer plutôt que dans le cadre restrictif des réseaux sociaux (mon site entre dans ce cadre là aussi), et couvrir les frais engendrés par la production du podcast. Donc si vous voulez me soutenir autrement que par un like, c’est l’occasion de le faire.
Evidemment, mon zine s’appelle “Offline”. C’est mon alternative à tout ce que je n’aime pas, et au lieu de m’en plaindre, j’agis. Le projet est d’en sortir 2 à 4 par an, pour me forcer à sortir faire des photos, à les éditer correctement, et à les partager. A créer régulièrement quelque chose qui me permettra de m’exprimer tout en ayant un sens pour moi. A partager mon travail sans la mauvaise pression du résultat, mais avec la bonne pression de faire quelque chose de cohérent que d’autres vont apprécier.
J’espère que non seulement il vous plaira, mais qu’il vous incitera à en faire de même. Je prévois de partager ici-même les coulisses de sa création et de la création des suivants, parce que j’ai aussi envie d’inspirer les autres à imprimer leur travail et à créer au lieu de consommer. Ce n’est certainement pas la voie la plus rapide ou la plus simple vers le succès, mais elle est très satisfaisante.